France
L’affaire du masque Ngil a ressurgi dans les médias français la semaine dernière, ravivant un débat qui dure depuis trois ans sur la dignité et la protection des objets sacrés africains.
Le 26 mars 2022, un masque Ngil, pièce rare et sacrée de la culture fang, était mis aux enchères à Montpellier pour une estimation record de 4,25 millions d’euros. En découvrant l’annonce dans la presse locale, Solange Bizeau, présidente du Collectif Gabon-Occitanie, lance immédiatement l’alerte : « Nous ne pouvions pas rester silencieux face à la vente d’un objet sacré et régalien, spolié par un administrateur colonial au Gabon. »
Depuis, le collectif mène une mobilisation continue : présence lors de ventes, interpellation d’acheteurs, actions juridiques, et sensibilisation du public français à la valeur culturelle et spirituelle du Ngil.
Yannick Meyo, galeriste et porte-parole de Restitution International, insiste sur la persistance du mouvement : « Depuis trois ans, nous dialoguons avec les institutions et expliquons ce que représente réellement ce masque pour notre culture. »
Pour les membres du collectif, les masques Ngil n’ont aucune vocation commerciale. Appartenant à une confrérie secrète, ils renferment des matières humaines d’un ancien maître Ngil, officiant autrefois lors de cérémonies de justice.
Paul-Henri Mbone Nze Gondjout, porte-parole du collectif Gabon Occitanie et descendant d’un maître Ngil, rappelle : « Ce n’est pas un objet de collection. C’est une urne funéraire et un symbole de justice. Sa vente viole nos droits culturels et religieux. »
L’argumentaire du collectif s’appuie sur plusieurs bases solides :
– le code pénal français interdit la commercialisation d’objets contenant des matières humaines ;
– l’UNESCO recommande la préservation éthique du patrimoine culturel ;
– le droit traditionnel gabonais précise que seule la confrérie Ngil peut autoriser la désacralisation d’un masque.
Solange Bizeau insiste également sur la dimension spirituelle : « Même au sein de la communauté fang, il est impossible de transmettre ce masque d’un rite à un autre. Comment comprendre qu’il se retrouve dans les mains d’un Français ? Ce masque, c’est un Maître Ngil : il doit rentrer au Gabon pour retrouver le repos. »
L’affaire a récemment refait surface dans les médias français, rappelant que malgré la vente, une procédure judiciaire est toujours en cours et que le Collectif Gabon-Occitanie poursuit son travail de sensibilisation à la dignité des objets sacrés africains.
Le mouvement bénéficie aujourd’hui d’un réseau international associant l’ESAP, la diaspora et plusieurs partenaires en Europe, aux États-Unis et en Chine. Au Gabon, la création d’un comité interministériel de restitution est en préparation afin de coordonner les retours d’objets et de renforcer la protection des sociétés traditionnelles.
Pour Yannick Meyo, la mobilisation s’inscrit dans une philosophie plus large : « Je suis parce que les autres sont. Cette vision d’Ubuntu guide toutes nos actions. »
Le collectif espère désormais obtenir la reconnaissance du Ngil comme patrimoine immatériel de l’UNESCO et faire de cette affaire un précédent juridique majeur.
Trois ans après la vente, la bataille pour le retour du masque Ngil demeure plus vivante que jamais.
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